
Avec L’italienne à Alger de Gioachino Rossini, le metteur en scène romand Julien Chavaz nous entraîne dans une satire rossinienne marquée par un savant mélange de sérieux, de comique et de fantaisie. Cette mise en scène inaugure le déplacement temporaire du Grand Théâtre au Palais des Forces Motrices jusqu’au printemps 2027.
Julien Chavaz n’en est pas à sa première apparition sur les scènes genevoises. Il avait réussi à nous émouvoir en 2022 avec Le dragon d’or de Peter Eötvös, présenté par le Grand Théâtre à la Comédie de Genève, puis la saison dernière avec son adaptation française des Aventures d’Alice sous terre de Gerald Barry.
Dans cette nouvelle production, Chavaz s’empare de L’italienne à Alger pour représenter les dynamiques d’une réalité onirique et décalée, sans en perdre la dimension comique, critique et irrévérencieuse propre aux pages rossiniennes.
Directeur du Théâtre de Magdebourg depuis 2022 et récompensé à plusieurs reprises en Allemagne, le metteur en scène sera accompagné par le jeune Michele Spotti, spécialiste du répertoire belcantiste italien, qui dirigera l’Orchestre de la Suisse Romande.


L’italienne à Alger est un dramma giocoso en deux actes de Gioachino Rossini, sur un livret d’Angelo Anelli, créé pour la première fois à Venise le 22.05.1813.
L’intrigue raconte l’histoire à fin heureuse d’Isabella, une jeune Italienne capturée par les corsaires du bey Mustafà, désireux de changer d’épouse. À la cour du bey, Isabella retrouve son bien-aimé Lindoro, qu’elle recherchait depuis longtemps. Pour mettre en œuvre leur plan de fuite et pouvoir rentrer en Italie, les deux amants imaginent une fausse cérémonie exploitant la vanité de Mustafà. Distrait de son objectif principal, le bey voit Isabella et Lindoro s’échapper sous ses yeux, tandis qu’il n’a d’autre choix que de retrouver l’affection de son épouse Elvira.
Le texte d’Angelo Anelli, appartenant au genre de l’opera buffa, avait déjà été mis en musique en 1808 par Luigi Mosca et s’inspirait d’un fait divers réel: l’histoire d’Antonietta Frapolli, une Milanaise enlevée par des corsaires en 1805, emmenée dans le harem du bey d’Alger Mustafà ibn Ibrahim, puis finalement revenue en Italie. Comme c’était courant à l’époque, un Rossini encore âgé de seulement vingt et un ans reprit le même livret, avec quelques modifications confiées à Gaetano Rossi, et composa l’œuvre en un temps record. Grâce à la parfaite fusion du sentimental, du comique et du sérieux, Stendhal qualifia l’opéra de “perfection du genre bouffe”.
Le mélodrame fut représenté pour la première fois au Teatro San Benedetto de Venise et connut immédiatement un grand succès. Rossini dirigea ensuite l’œuvre à Vicence en 1813, à Milan en 1814 (avec quelques modifications, dont l’ajout au deuxième acte d’une nouvelle cavatine pour Lindoro, Concedi, amor pietoso) et à Naples en 1815. L’opéra resta au répertoire en Europe et aux États-Unis pendant tout le XIXe siècle, même lorsque la diffusion des œuvres rossiniennes déclinait nettement.
La première reprise au XXe siècle eut lieu à Turin en 1925, sous la direction de Vittorio Gui et avec Conchita Supervia, dont la performance enthousiasma Richard Strauss. Depuis lors, L’italienne à Alger est restée, avec Le Barbier de Séville, La Cenerentola et dans une moindre mesure Guillaume Tell, l’une des œuvres de Rossini les plus jouées dans les théâtres lyriques du monde entier.
Informations et billets disponibles sur :
www.gtg.ch/saison-25-26/italienne-a-alger/